Coût du logement et compétitivité : n’ayez pas de regret Monsieur Gallois !

Dans une interview donnée au journal Le Monde daté du 5 mars 2013 Louis Gallois fait part de son regret de n’avoir pas pris en considération dans son rapport sur la compétitivité le coût du logement comme facteur de la différence de compétitivité entre la France et l’Allemagne. Il indique notamment que le poste logement « représente 25% à 28% du budget des ménages français contre 12% outre-Rhin ». En réalité, l’enquête sur le budget des ménages coordonnée par Eurostat indique qu’en 2005 le poids du logement dans le budget des ménages est de 29,6% en Allemagne contre 26,3% en France. Ces chiffres incluent les loyers imputés des propriétaires occupants, ce qui alourdit le chiffre pour la France qui compte davantage de propriétaires occupants. En ce qui concerne les loyers effectifs, leur poids est également plus élevé en Allemagne.

Eurostat fournit également le taux de ménages en surcharge de dépenses de logement, c’est-à-dire les ménages pour lesquels le poids du logement excède 40% des ressources. L’Allemagne est le deuxième pays européen, derrière le Danemark, avec un taux de 23,6% de ménages en surcharge de dépenses de logement. La France est avant-dernière, devant Chypre, avec un taux de 3,4%, grâce notamment aux allocations de logement.

Donc, non seulement les dépenses de logements sont globalement plus élevées en Allemagne, mais encore leur répartition est plus inégalitaire.

Ce n’est donc pas le coût du logement qui handicape la compétitivité française.

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Faut-il construire 500 000 logements par an ?

Un des objectifs annoncés du gouvernement actuel est de construire 500000 logements par an  dont 150000 logements HLM. Est-ce nécessaire ou même souhaitable ?

Il est habituel de distinguer les besoins de la demande. La demande est ce qui s’exprime sur le marché en l’absence d’intervention publique. Les besoins sont définis par rapport à une norme qui doit être définie par les pouvoirs publics.

La demande potentielle de logements a été estimée par Alain Jacquot sur la base de différentes hypothèses concernant l’évolution socio-démographique et le renouvellement du parc de logement. Selon les hypothèses la demande est comprise entre 300 000 et  moins de 400000 logements par an. C’est donc significativement moins que les 500000 logements fixés comme objectif par le gouvernement.

La différence peut s’expliquer en partie par le fait que le volume de construction ne constitue pas un accroissement net du parc parce qu’il sert à remplacer des logements détruits. La différence entre les deux chiffres peut être due à un plus grand nombre de destructions dans les opérations de rénovation urbaine. Le parc ne s’accroitrait pas de 500000 logements mais moins. Cela pose la question de la pertinence de ces opérations dans un marché du logement considéré comme tendu. Autrement dit, s’il manque des logements, notamment HLM, n’est-il pas plus économique de  construire d’autres logements HLM plutôt que de détruire pour reconstruire ?

Ceci dit, pour l’économiste et l’économie, plus c’est mieux. Mais il faut mesurer les effets d’un volume de construction supérieur à celui nécessité par le marché.

Une première observation est que le rythme moyen de construction est de 320000 logements sur les 30 dernières années. En 2005-2007, il est monté à plus de 400000 logements commencés par an, c’est-à-dire un niveau  comme on n’en n’avait pas connu depuis les années 80. Il n’y a par ailleurs pratiquement aucune croissance tendancielle sur cette période. Par conséquent, les chiffres de construction élevés de certaines années sont compensés par des chiffres inférieurs à la moyenne les années suivantes.

Autrement dit, le soutien de la construction peut se comprendre comme une action contra-cyclique qui vise à limiter les effets de contraction de l’activité économique, mais si on construit plus maintenant, on construira moins plus tard. Une action contra-cyclique ne crée pas de la richesse, elle transfère de la richesse du futur vers le  présent.

Par ailleurs, les aides à la construction de logements neufs sont en partie absorbées par les coûts fonciers. Or le doublement des prix immobiliers a entraîné un quadruplement des prix fonciers. L’efficacité des aides à la construction sur l’activité économique est donc moindre maintenant que 10 ans auparavant.

Enfin, l’afflux de logements neufs plus attractifs aura des effets sur l’équilibre du marché. Il y a peu de risques que ces logements ne trouvent pas preneurs, mais ils risquent d’entraîner un phénomène d’obsolescence du reste du parc. L’exemple de l’Espagne devrait inciter à la prudence.


 

 

 

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