Le logement à Paris : un problème insoluble ?

Paris semble accumuler tous les extrêmes en matière de logement : prix les plus élevés, mal logement le plus choquant, demandes de logements les plus élevées. Y a-t-il une solution à ce problème ?

1) Paris n’est pas un marché du logement mais est le centre d’un marché de 12 millions d’habitants.

Beaucoup de franciliens souhaiteraient vraisemblablement habiter Paris. Cette attirance pour le centre des agglomérations est habituelle en France. En économie des choix de localisation elle est théorisée comme l’expression d’un arbitrage entre la proximité du centre et l’espace, en fonction du prix des logements et des coûts de transport. C’est de cet arbitrage que résulte la décroissance des prix avec l’éloignement du centre. C’est ce qu’on constate dans les prix des logements franciliens : le prix moyen au m² des appartements anciens est de 8260€ à Paris, de 4420€ en première couronne, de 3110€ en grande couronne au 3ème trimestre 2013. L’écart de prix de près de moitié entre Paris et la première couronne et des deux tiers avec la grande couronne révèle la très forte attractivité de Paris. Continuer la lecture

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Banques : séparer les activités de marché et les prêts à la clientèle?

Sur les trois crises que la France a connues depuis la guerre et qui ont conduit à une récession, les deux dernières sont dues au secteur immobilier. Lors de ces deux dernières crises le secteur bancaire a été significativement affecté. Lors de la crise des années 85-95 deux grands établissements bancaires français ont dû être consolidés, le Crédit Lyonnais et le Crédit Foncier de France. Lors de la crise des subprimes, c’est l’ensemble du secteur bancaire qui a été affecté, mais de manière limitée, sauf pour trois établissements, Dexia, Natixis, et Crédit immobilier de France, chacun pour des raisons différentes, dont le traitement est encore en cours.
Depuis la dernière crise est née l’idée de séparer les activités de banque de détail et les activités de marché. C’est une proposition du commissaire au marché intérieur et aux services de l’Union Européenne, Michel Barnier. Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a pris parti vigoureusement contre cette proposition. Quels sont les arguments pour et contre ? Continuer la lecture

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Le rapport de la Fondation Abbé Pierre sur l’état du mal-logement en France (2014) : quels enseignements économiques ?

Le rapport de la fondation Abbé Pierre attire notre attention sur la situation de logement insatisfaisante que connaît une partie de la population en France. Au-delà de l’émotion que suscite cette évocation, quels enseignements économiques peut-on en tirer ?
Il existe tout un ensemble d’interventions publiques, notamment sous la forme d’aides, destinées à assurer à l’ensemble de la population des conditions de logement décentes à un coût supportable. L’économiste se préoccupe d’atteindre cet objectif au moindre coût.
Les aides représentent un flux de 45mds € par an, sans compter les aides antérieures dont certaines continuent à bénéficier aux ménages. On peut estimer que quasiment un ménage sur deux bénéficie d’une aide au titre du logement (cf. le décompte dans « Économie immobilière et des politiques du logement »). Comment se fait-il qu’une partie de la population, de l’ordre de 5%, ait encore des conditions de logement insatisfaisantes ? La question est donc celle de l’efficacité des aides publiques. Continuer la lecture

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Encadrement des loyers : et si Akerlof avait raison ?

Intervention Cornuel Valenciennes 2014

Il y a des disparités de loyers. Celles-ci sont dues à deux facteurs, d’abord des différences entre les caractéristiques des logements, plus ou moins grands, situés dans des zones plus ou moins chères, de plus ou moins grande qualité etc.. Les économistes disent qu’il s’agit de différences de volume. Il existe aussi des différences dues aux plus ou moins grandes exigences des bailleurs, à caractéristiques de logement données. Il s’agit de différences de prix nominaux. On peut penser que ce sont celles-là que la politique d’encadrement des loyers veut réduire. Pour mettre en évidence les différences de prix nominaux, il faut donc raisonner à caractéristiques de logement identiques. Si on n’identifie pas correctement les caractéristiques, en réduisant les loyers des logements les plus chers on risque de pénaliser la qualité, avec les conséquences mises en évidence par Akerlof[1] (prix Nobel de sciences économiques à ce titre en 2001). Continuer la lecture

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Quel est le prix des logements neufs en France ?

La réponse n’est pas immédiate. Dans son dernier rapport de mai 2013 sur les marchés du logement en Europe, Deloitte indique pour la France un prix au m² de plus de 3500 €. En réalité ce prix ne concerne que les appartements neufs. Ceci introduit un biais important quand on sait que le prix au m² des maisons est significativement plus faible. En outre elles représentent près de la moitié de la construction neuve en nombre de logements et près des deux tiers des surfaces construites. On se livre ici à une estimation de leur prix. Continuer la lecture

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Indices de loyer : lequel est le bon ?

Quand on cherche à connaître l’évolution des loyers, on est face à de multiples indices qui ne présentent pas les mêmes augmentations. On peut se demander lequel représente la réalité des évolutions.

Le graphique ci-dessous fait apparaître les trois principaux indices de loyer, l’indice de l’observatoire Clameur, l’indice INSEE qui est une composante de l’indice des prix à la consommation, et l’indice de référence des loyers. L’ordre dans lequel on vient de le citer et aussi celui de l’importance de leur progression : en 15 ans l’indice Clameur fait apparaître une hausse de 50%, l’indice INSEE de 35% et l’indice de référence des loyers de 27%.

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L’évolution future des prix immobiliers

L’incertitude règne sur l’évolution future des prix immobiliers. Certains annoncent une chute brutale (voir par exemple,  Atlantico ou Immobilier danger) tandis que d’autres considèrent qu’ils se maintiendront à leur haut niveau (notamment Mouillart). Pour pouvoir prédire l’évolution future il faut comprendre les facteurs qui déterminent leur niveau.

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Coût du logement et compétitivité : n’ayez pas de regret Monsieur Gallois !

Dans une interview donnée au journal Le Monde daté du 5 mars 2013 Louis Gallois fait part de son regret de n’avoir pas pris en considération dans son rapport sur la compétitivité le coût du logement comme facteur de la différence de compétitivité entre la France et l’Allemagne. Il indique notamment que le poste logement « représente 25% à 28% du budget des ménages français contre 12% outre-Rhin ». En réalité, l’enquête sur le budget des ménages coordonnée par Eurostat indique qu’en 2005 le poids du logement dans le budget des ménages est de 29,6% en Allemagne contre 26,3% en France. Ces chiffres incluent les loyers imputés des propriétaires occupants, ce qui alourdit le chiffre pour la France qui compte davantage de propriétaires occupants. En ce qui concerne les loyers effectifs, leur poids est également plus élevé en Allemagne.

Eurostat fournit également le taux de ménages en surcharge de dépenses de logement, c’est-à-dire les ménages pour lesquels le poids du logement excède 40% des ressources. L’Allemagne est le deuxième pays européen, derrière le Danemark, avec un taux de 23,6% de ménages en surcharge de dépenses de logement. La France est avant-dernière, devant Chypre, avec un taux de 3,4%, grâce notamment aux allocations de logement.

Donc, non seulement les dépenses de logements sont globalement plus élevées en Allemagne, mais encore leur répartition est plus inégalitaire.

Ce n’est donc pas le coût du logement qui handicape la compétitivité française.

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Faut-il construire 500 000 logements par an ?

Un des objectifs annoncés du gouvernement actuel est de construire 500000 logements par an  dont 150000 logements HLM. Est-ce nécessaire ou même souhaitable ?

Il est habituel de distinguer les besoins de la demande. La demande est ce qui s’exprime sur le marché en l’absence d’intervention publique. Les besoins sont définis par rapport à une norme qui doit être définie par les pouvoirs publics.

La demande potentielle de logements a été estimée par Alain Jacquot sur la base de différentes hypothèses concernant l’évolution socio-démographique et le renouvellement du parc de logement. Selon les hypothèses la demande est comprise entre 300 000 et  moins de 400000 logements par an. C’est donc significativement moins que les 500000 logements fixés comme objectif par le gouvernement.

La différence peut s’expliquer en partie par le fait que le volume de construction ne constitue pas un accroissement net du parc parce qu’il sert à remplacer des logements détruits. La différence entre les deux chiffres peut être due à un plus grand nombre de destructions dans les opérations de rénovation urbaine. Le parc ne s’accroitrait pas de 500000 logements mais moins. Cela pose la question de la pertinence de ces opérations dans un marché du logement considéré comme tendu. Autrement dit, s’il manque des logements, notamment HLM, n’est-il pas plus économique de  construire d’autres logements HLM plutôt que de détruire pour reconstruire ?

Ceci dit, pour l’économiste et l’économie, plus c’est mieux. Mais il faut mesurer les effets d’un volume de construction supérieur à celui nécessité par le marché.

Une première observation est que le rythme moyen de construction est de 320000 logements sur les 30 dernières années. En 2005-2007, il est monté à plus de 400000 logements commencés par an, c’est-à-dire un niveau  comme on n’en n’avait pas connu depuis les années 80. Il n’y a par ailleurs pratiquement aucune croissance tendancielle sur cette période. Par conséquent, les chiffres de construction élevés de certaines années sont compensés par des chiffres inférieurs à la moyenne les années suivantes.

Autrement dit, le soutien de la construction peut se comprendre comme une action contra-cyclique qui vise à limiter les effets de contraction de l’activité économique, mais si on construit plus maintenant, on construira moins plus tard. Une action contra-cyclique ne crée pas de la richesse, elle transfère de la richesse du futur vers le  présent.

Par ailleurs, les aides à la construction de logements neufs sont en partie absorbées par les coûts fonciers. Or le doublement des prix immobiliers a entraîné un quadruplement des prix fonciers. L’efficacité des aides à la construction sur l’activité économique est donc moindre maintenant que 10 ans auparavant.

Enfin, l’afflux de logements neufs plus attractifs aura des effets sur l’équilibre du marché. Il y a peu de risques que ces logements ne trouvent pas preneurs, mais ils risquent d’entraîner un phénomène d’obsolescence du reste du parc. L’exemple de l’Espagne devrait inciter à la prudence.


 

 

 

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